Les amis de la Guionie

Les amis de la Guionie

La Guionie, près de 2000 ans d’histoire.

Comme le prouve l’existence de stèles funéraires remontant à la fin du haut moyen-âge découvertes dans l’enceinte du cimetière en 1941[1], l’implantation de l’homme sur le territoire de la commune de Lempzours est ancienne. Signalée en 1880, l’existence d’un menhir aujourd’hui disparu au lieu-dit « Pierre-Edmond » atteste en fait d’une présence humaine nettement antérieure, remontant au Néolithique. Le site de la Guionie, qui correspond à un important affleurement rocheux comportant une cavité naturelle a probablement été occupé dès cette même époque.

Au cours du Haut Moyen Age, l’aménagement de cet affleurement rocheux par excavation conduit à l’apparition d’une motte féodale dont la base est monolithe, creusé directement dans le rocher, motte dont les bases subsistent encore de nos jours dans la cave. A partir de 1139, l’histoire connue de La Guionie se confond avec celle de l’ordre des chevaliers du Temple qui s’établissent à Lempzours vers 1139, après que les abbesses de Ligueux leur ait fait don de la paroisse, à charge pour eux d’en tirer des revenus pour alimenter la guerre en Terres sainte. Cette implantation se traduit sur le terrain par l’occupation du château de La salle, qui existait déjà antérieurement, l’édification du château-repaire de Lempzours, un bâtiment fortifié situé en face de l’église[1] le long du cours d’eau de la Rase,

la construction d’une ferme fortifiée à Château Buisson et aussi celle d’une commanderie sur le site La Guionie. Cet ensemble qui constitue alors la préceptorie majeure templière en Périgord sera la résidence principale des maîtres de l’Ordre dans la région jusqu’en 1250, date à laquelle celle-ci est transférée à Sergeac, dans le Périgord noir.

Une période à l’histoire inconnue.

Avec la suppression de l’ordre des Templiers par Philippe le Bel en 1307, La Guionie tombe aux mains de Guillaume de Nogaret, puissant garde des sceaux du roi de France qui accapare une grande partie des biens du Temple dans la région de Nontron. Passé cette date, l’histoire du bâtiment demeure non-documentée, même si l’on peut observer une évolution du bâti dans le temps. La construction initiale, qui reste à dater avec précision, affecte la forme d’un rectangle qui s’élève sur une cave creusée dans la rocher, qui comporte un cluzeau et où subsistent des archères contemporaines du XIIe siècle, voire antérieures.

 A cette construction initiale est venue s’ajouter à l’est un deuxième bâti sur cave. Cette seconde cave, caractérisée par deux époques successives d’aménagements, comporte une voûte de pierre postérieure à l’état initial, qui serait attribuable à la période templière. A l’angle sud-est de ce rectangle subsiste extérieurement une poivrière sur laquelle est venu s’appuyer vers le 14e siècle un escalier desservant deux étages[1]. Par la suite, au 15e siècle, l’extension vers l’est et l’ouest du bâtiment s’est poursuivie et l’on peut notamment remarquer la présence sur la façade sud d’une ancienne fenêtre à meneau remaniée au 17e ou 18e siècle. Une fenêtre identique est également visible sur la face nord. La désignation de l’ancienne commanderie sous l’appellation La Guionie serait contemporaine de 14e siècle[2].  L’ensemble de la bâtisse, dont l’histoire demeure inconnue au cours de cette période, se signale in fine par un incendie et une destruction – au moins partielle – lors des guerres de religion. Cet épisode, dont on sait peu de choses, s’est déroulé en octobre 1569, date à laquelle les troubles sont particulièrement marqués dans la région ; incendie de l’abbaye de Ligueux par les Protestants et prise de Nontron, Brantôme et Thiviers par les troupes de l’amiral de Coligny qui, se répandent dans la région et massacrent notamment 260 paysans réfugiés dans le château de La-Chapelle-Faucher. C’est à cette occasion que Lempzours est envahi par des soldats de la garnison protestante d’Angoulême. Cette troupe attaquent le repaire de Lempzours, près de l’église, qui est incendié. Son seigneur, Pierre de Chalup parvient néanmoins à se réfugier avec ses gens dans une des tours et à tenir jusqu’à ce que la garnison catholique de Périgueux ne vienne à son secours[3]. Les Protestants incendient aussi à cette occasion l’église du village[4], ainsi que La Guionie.

La Guionie aux mains des Béron

Il faut attendre près de 200 ans avant que la commanderie templière de Lempzours ne réapparaisse dans les textes au détour d’un document familial de 1790 faisant étant de l’existence d’un Jean Béron de la Salle, seigneur de La Salle et de la Guionie, vivant le 20 avril 1482 et probablement né vers 1445. Le second plus ancien document connu à ce jour faisant référence de manière explicite à la seigneurie de La Guionie est issu de l’ancienne collection Taillefer, et se trouve conservé aux Archives nationales. Cet acte fait état d’une transaction réalisée en 1588 et relative aux honneurs de l’église de Lempzours et Pierre Chalup, écuyer, seigneur du repaire de Lempzours et sa femme Anne Audran d’une part, et Jean Béron, « écuyer et seigneur de la Guyonnie et y habitant » et demoiselle Antoinette de la Massacré d’autre part [1]. Pour une raison qui reste à éclaircir[2], c’est Catherine Béron de la Salle, qui hérite de La Guionie quoique n’étant pas sa fille[1]. Celle-ci, née après 1566, épousa Philibert-Bertrand Normand[2], né vers 1560, fils du seigneur du péage de Négrondes. De cette union naquit vers 1595 Marguerite Normand de la Guionie, laquelle épouse le 14 janvier 1619 Jacques de Siorac[3] qui devient par cette alliance seigneur de La Guionie et de Campagne.

Photographie de Pierrick Lussan

La lignée des Siorac de la Guionie

Ce mariage, qui inaugure la possession du fief de La Guionie par les Siorac[1] pendant près de 200 ans, donne naissance à plusieurs enfants[2] dont Pierre de Siorac, né le 28 août 1633, qui deviendra seigneur de la Guionie et de Lavau. Il épouse le 15 juillet 1655 Marie Reynier de Glane, née vers 1630, fille de François de Reynier, seigneur de Glane dans la paroisse Coulaures. Malgré la naissance fin 1656 ou début 1657 d’un héritier baptisé Guion[3], la mort prématurée des suites d’une maladie de Pierre de Siorac à l’âge de 23 ans, le 28 mai 1657, va mettre immédiatement en péril la dynastie naissante des Siorac de la Guionie comme le relate en 1854 Armand de Siorac : « L’an 1655[4], noble Pierre de Laguionie, seigneur de Lempzours et autres lieux, épousa noble damoiselle Marie de Raynier de Glanne, fille du noble François de Raynier, chevalier, seigneur de Glanne, et de noble damoiselle de Lafaye de la Martinie.

Ce mariage se fit au château de Glanne, paroisse de Coulaures. – Deux ans après, Pierre de Laguionie mourut, ne laissant qu’un seul fils Yon, ou Léon.

Devenue veuve, Marie de Raynier ne pensa qu’à son fils et repoussa tous les prétendants que lui attirait sa grande beauté. 

Parmi les plus assidus se trouvait un parent de Pierre de Laguionie, François Lenormand, seigneur de Négrondes, que dans ces temps de trouble sa violence avait rendu redoutable.

 L’amour n’était pas son seul moteur ; il avait aussi en vue la tutelle de l’enfant, dans l’espoir de s’emparer de sa fortune, qui était assez considérable.

Aussi, dès qu’il vit qu’il n’avait rien à espérer de Marie de Glanne, lui jura-t-il une haine sans borne. Sachant qu’elle avait tout à craindre de François Lenormand, Marie de Glanne manda à MM. De Raynier, ses frères, de venir la quérir, elle et son enfant, pour les mener au château de Glanne, qui, par ses nombreux fossés, pouvait offrir une grande résistance, tandis que le château de Laguionie, qui avait été brûlé dans les guerres précédentes, était incapable de résister à un coup de main.

Son appel fut entendu ; deux de ses frères accourent avec leurs gens, et, le lendemain de leur arrivée, se mirent en route pour revenir à Glanne.

La belle et courageuse veuve, entourée de ses serviteurs, tenait son enfant sur le devant de la selle, et, le pistolet à la main, était prête à tout événement.

Le départ se fit sans encombre, et déjà la petite troupe espérait ne pas être inquiétée dans sa marche, lorsqu’arrivée près de Négrondes, au milieu d’un bois taillis[5] qui existe encore, de nombreux cavaliers se précipitèrent sur elle. Dès le premier choc, l’ainé de MM. De Raynier fut tué ; mais, loin d’être découragé par sa mort, son frère fit une vigoureuse résistance, et parvint à repousser les assaillants, qui se sauvèrent dans toutes les directions, laissant plusieurs de leurs morts sur la place. Marie de Glanne, sans se laisser intimider, avait fait feu sur François Lenormand, qui pendant l’attaque avait cherché à s’emparer d’elle et de son enfant.

Désolée de la mort de son frère, elle fit porter son corps au château de la Glanne. Quant à François Lenormand, il passa en Espagne pour éviter la sévérité des lois. »[6] Bénéficiant d’une lettre de rémission accordée par le roi, François Normand reviendra par la suite à Négrondes, à la grande indignation de ses contemporains[7].

Le jeune Guion, ayant échappé aux menaces que faisaient peser sur sa vie et sur son fief François Normand, auquel il était apparenté par son arrière-grand-père, va stabiliser l’héritage familial et asseoir la dynastie des Siorac jusqu’à la fin de l’ancien régime. En février 1667, il fournit les preuves nécessaires au maintien de la famille dans la noblesse, faisant suite à la première enquête de recherche lancée par l’Etat en 1666[8].

En février 1667, à l’occasion des recherches lancée par Louis XIV pour débusquer les usurpateurs du titre de noblesse – qui étaient exempts d’impôts, d’où une perte de revenu fiscal au détriment de l’Etat – on apprend que les Siorac de la Guionie portent pour armes « un chevron d’or en champ d’azur, le casque en face avec timbre ». Il n’est pas certain cependant que ce descriptif, rencontré nulle part ailleurs, ne soit pas le fruit d’une erreur… Dans son Armorial du Périgord, Alfred Froidefont de Boulazac donne aux Siorac de la Guionie pour armes primitives « un lion accompagné de deux étoiles », puis « des chaines d’or posées en croix, sautoir et orle », qui sont les mêmes que les armes du royaume de Navarre où les Siorac se sont illustrés du temps de la Reconquista contre les Maures d’Espagne. Ces chaines apparaissent également sous forme d’un sceau dans le testament de Jacques de Siorac de la Guionie daté du 23 septembre 1625 dont une copie figure dans le carré d’Hozier 584 conservé à la BNF sous la cote Français 30813. Ce sont ces armoiries que l’on retrouve sur la litre funéraire de l’église de Lempzours, surmontées d’une couronne comtale qui est qu’un tolérance admise sous le règne de Louis XIV, visant à établir une distinction entre noblesse d’épée et noblesse de robe ou religieuse. Dans l’Armorial du Périgord, Froidefont de Boulazac donne aux Siorac de la Guionie pour armes primitives « un lion accompagné de deux étoiles », puis « des chaines d’or posées en croix, sautoir et orle » (qui sont les mêmes que les armes du royaume de Navarre où les Siorac se sont illustrés du temps de la Reconquista contre les Maures d’Espagne). Ce sont ces armoiries que l’on retrouve sur la litre funéraire de l’église de Lempzours. Elles apparaissent également sous forme de sceau dans le testament de Jacques de Siorac de la Guionie daté du 23 septembre 1625. A noter que la couronne comtale qui surmonte les armoiries reproduites dans l’église de Lempzours n’est qu’un tolérance admise sous le règne de Louis XIV, visant à établir une distinction entre noblesse d’épée et noblesse de robe ou religieuse.Dans l’Armorial du Périgord, Froidefont de Boulazac donne aux Siorac de la Guionie pour armes primitives « un lion accompagné de deux étoiles », puis « des chaines d’or posées en croix, sautoir et orle » (qui sont les mêmes que les armes du royaume de Navarre où les Siorac se sont illustrés du temps de la Reconquista contre les Maures d’Espagne). Ce sont ces armoiries que l’on retrouve sur la litre funéraire de l’église de Lempzours. Elles apparaissent également sous forme de sceau dans le testament de Jacques de Siorac de la Guionie daté du 23 septembre 1625. A noter que la couronne comtale qui surmonte les armoiries reproduites dans l’église de Lempzours n’est qu’un tolérance admise sous le règne de Louis XIV, visant à établir une distinction entre noblesse d’épée et noblesse de robe ou religieuse.Le nouveau carré d’Hozier 306 de 1770, conservé à la BNF et coté Français 31531, donne également pour armoiries des Siorac de la Guionie « des chaines d’or posées en croix, sautoir et orle ». Ce blason est donc ll seul pertinent pour la période qui s’étend de Jacques de Siorac à Rodolphe de Siorac…

Le 12 septembre 1677, Guion épouse à Ségonzac, en Périgord, Foy de la Faye de la Martinie[1]. Il est probable que ce soit dans les années ayant suivi ce mariage que l’ensemble des bâtiments de La Guionie aient été remaniés pour prendre l’aspect général qu’on leur connait aujourd’hui[2] ; c’est-à-dire un logis central rabaissé par arasement de la moitié de ce qui fut le second étage du bâtiment antérieur, flanqué de deux pavillons à l’est et à l’ouest. Les dépendances, de même que le pigeonnier, semblent contemporain de la même époque. On sait également que le « repaire noble » de la Guionie dépend à cette époque de l’évêque de Périgueux, comme en atteste un hommage non daté de « Léon de Siourat » à ce dernier. Le chevalier Guion de Siorac de la Guionie meurt le 3 janvier 1721, à l’âge de 63 ans.

C’est son fils[3], François de Siorac né le 4 septembre 1681, qui lui succède. Marié le 29 juillet 1715 à Saintes avec Béatrix de Laval de Ladoue, celui-ci a pour héritier François Léonard Louis qui voit le jour le 15 mars 1718. François de Siorac meurt le 2 décembre 1761. Son fils épouse le 4 août 1746 à Mayac Marie Antoinette Mélanie de Bremond d’Ars[4], laquelle meurt quatre ans plus tard sans lui avoir donné d’enfants. Veuf, François Léonard Louis se remarie le 19 septembre 1751 à Champagne, en Périgord, avec Barbe de Faucher de Versac, avec qui il aura 15 enfants, dont neuf vivront[5]. Il disparait le 19 mars 1779, transmettant son fief à son fils aîné François Rodolphe, né le 18 février 1753. Celui-ci, est admis en mars 1770 au rang de Page de la Grande Ecurie, privilège réservé à la noblesse d’origine militaire antérieure à 1550[1], qui laisse à penser qu’il a séjourné dans sa jeunesse au château de Versailles. Marié à Saint-Sulpice d’Excideuil le 8 février 1776 avec Martiale de Brochard de Puymorin, François Rodolphe aura un fils Léonard Louis, né en 1778, et deux filles, Barbe Julie et Marie Victoire, nées en 1779 et 1787.

Lorsque survient le révolution française, François Rodolphe est désigné en tant que représentant de la noblesse[1] pour siéger à l’assemblée générale des trois états pour nommer au mois de mars 1789 à Périgueux les députés de la Dordogne appelés à se réunir en mai de la même année aux Etats-Généraux de Versailles. Du fait de sa notoriété et de sa position sociale localement élevée, François Rodolphe est également élu en février 1790 premier maire de Lempzours. Le 23 juin 1790, l’abolition de la noblesse par décret de l’assemblée nationale met un terme officiel au patronyme des Siorac de La Guionie[2]. Les années qui vont suivre sont probablement très difficiles pour les Siorac. La suppression des ordres religieux et la fermeture des couvents en 1790 conduit trois des sœurs[3] de François-Rodolphe à venir trouver refuge à La Guionie. 

En février 1791, Rodolphe est remplacé à la tête de la mairie[4] par l’abbé Chevauchaud de La Tour.  Ce dernier, prêtre réfractaire, obtient de s’expatrier en Espagne l’année suivante, menacé il entre dans la clandestinité et se réfugiera quelques jours à La Guionie, sa cachant dans une armoire lors d’une perquisition[5], avant de disparaître.

La fin de l’ancien régime, de même que la mort de Léonard Louis de Siorac[6] en 1805, unique descendant mâle de la famille, mettent un terme à la dynastie des Siorac de La Guionie avec la mort de François Rodolphe le 14 juin 1806. Un premier partage de la succession[7] est alors effectué entre Julie et Victoire, cette dernière héritant d’une partie des terres et de la demeure de La Guionie. Après la mort de leur mère en 1821, un second partage des biens familiaux aura lieu, au terme duquel Barbe Julie est désignée héritière de la totalité de La Guionie et des terres situées sur Lempzours[8].

Du 19e siècle à l’époque contemporaine.

Barbe Julie de Siorac, ayant épousé Bertrand Boyer[1] le 12 avril 1804, Le château de La Guionie passe aux mains des Boyer de la Coudercherie à la suite de cette union. Ces derniers, qui possédent alors la chartreuse de Coudercherie située à environ 500 mètres au-dessus de La Guionie, constituaient à l’origine l’une des familles qui possédaient les quatre études notariales de la châtellenie d’Agonac[2]. Les Boyer résidant à Lempzours figuraient sous le Premier Empire parmi les 546 plus gros contribuables de Dordogne, signe d’une aisance certaine. De cette union, naitront six filles et deux garçons : Auguste Pierre.

C’est Auguste Pierre Boyer, né en 1806, qui hérite de La Guionie à la mort de sa mère le 15 avril 1848. Marié l’année suivante à Massenaïde Suzanne Mauransaime (1830-1907), celui-ci n’aura qu’une fille nommée Emilie Marie (1857-1945). Cette dernière épouse le 10 juin 1889 Jean Binos. Ce mariage donnera naissance à une fille, Denise (1890-1984), qui se marie en 1908 avec Jean baptiste Albert Jarjavail (1882-1941) qui était originaire d’Eyzerac.

Au cours de la seconde partie de 19e siècle, La Guionie perd progressivement ses attributions de demeure aisée pour devenir peu à peu une exploitation agricole. Durant la Première guerre mondiale, Albert Jarjavail qui possède le grade de maréchal des logis sert au 20e Dragons de Limoges à partir du 10 août 1914, avant d’être versé dans l’artillerie de campagne en décembre 1915. Blessé par éclat d’obus[3] à la cuisse gauche le 5 octobre 1916 à Rancourt, il terminera la guerre dans l’artillerie lourde avant d’être libéré en mars 1919. Albert Jarvavail sera maire de Lempzours. Il meurt à 59 ans en 1941.

Deux filles Marie Madeleine Jarjavail (1909-2005) et Marie Bernadette, née en 1935, sont le fruit de cette union. Durant la Deuxième guerre mondiale, La Guionie héberge au cours de l’été 1940 des éléments d’une unité de l’a      rmée française repliée après la débâcle. Lempzours qui abrite des maquis subira par la suite la répression de la Division Brehmer ; La Guionie dont les propriétaires ravitaillaient les maquisards, est épargnée. Cependant le fermier Adrien Thomasson qui tenait la métairie de La Salle est abattu et brûlé dans sa grange le 28 mars 1944 par les Allemands, après avoir été dénoncé comme résistant.

Au lendemain de la Seconde guerre mondiale, l’exploitation agricole de La Guionie entame un déclin inéluctable. A la fin des années 60, les terres sont mises en fermage, Denise Binos et sa fille Madeleine Jarjavail occupant seules la maison d’habitation, le pavillon Est étant occupé par le couple Lacourarie qui fait office de gardien.

Madeleine n’ayant pas eu de descendance, à sa mort à l’âge de 96 ans, c’est sa sœur cadette Marie Bernadette qui hérite du domaine. Inhabité pendant plus de 15 ans, vidé entièrement de son mobilier à l’exception d’une grande armoire XVIIIe, le domaine de La Guionie est finalement mis en vente en juillet 2019. Une transaction devant notaire le 15 janvier 2020 à Thiviers entérine la cession de ce bien qui était resté dans la même famille pendant plus de cinq siècles.

C’est désormais la famille Dutrône et ses quatre enfants qui prennent soin de La Guionie et ont entrepris une restauration qui devrait s’étaler sur probablement deux décennies. Après divers retards liés notamment à la crise sanitaire du Covid-19, une première étape a été franchie avec la restauration intégrale au mois de mai-juin 2021 du pigeonnier qui menaçait ruine. La seconde grosse tranche de travaux est programmée au printemps 2022, avec la réfection de la toiture du pavillon des granges et celle des porcheries, ainsi que la reconstruction de la cheminée de pavillon des granges, supprimée durant l’entre-deux-guerres. Parallèlement des travaux d’aménagement intérieur de la partie habitation sont prévus pour l’hiver 2021-2222.

[1] Communication du comte de Maillard-Taillefer dans le bulletin de la SHAP tome 68 de 1941, page 330. Ces éléments qui paraissent être des couvercles de sarcophages sont toujours visibles actuellement, disposés auprès du monument aux morts.

[2] Ce château de Lempzours, qui fut le fief des Chalup du Repaire et de Lempzours, des Bérons de La Sale, et des Boyer de la Coudercherie, fut en définitive racheté en ruines par Louis Siorac de La Guionie en 1761 et finalement rasé dans les années qui suivirent. Il est décrit dans un verbail d’avril 1755 comme un château « construit à l’anglèze », « ayant moulin » et « prison en basse fosse ». Source minutes Versavaud. AD 24 cotées 3 E 2040.

[3] Le second étage, partiellement arasé probablement au 17e siècle, constitue de nos jours le grenier du bâtiment.

[4] Selon Goineau-Bérard A. Templiers et hospitaliers en Dordogne (2002). Le terme est en tout cas antérieur à 1482. Etymologiquement, La Guionie fait référence au prénom Guy ou Guion selon l’abbé Farnier, Autour de Ligueux, 1931.

[5] Cluzel de Remaurin (du) chevalier. Généalogie de la très noble et ancienne maison de Chalup alias Chalus et Chaslus. J. Bounet imprimeur, Périgueux, 1875.

[6] La restauration de l’église en 1898 a mis à jour les traces d’un incendie ayant altéré les pierres du faux carré qui supportait autrefois le clocher disparu. Il s’agit peut-être de l’incendie de 1569.

[7] BSHAP – Tome CXXI – année 1994, page 361. Le repaire de Lempzours était toujours aux mains des Chalups en 1616.

[8] Sans qu’il soit possible de le situer dans la généalogie familiale, un seigneur de Lestaing, « fils aîné du seigneur de La Guionnie », existe vers 1591, qui se voit confier la garde du château de la Marthonie confisqué à l’évêque de Limoges qui avait participé à la Ligue contre Henri IV. Cité in Abbé farnier op. cit. page 180.

[9] Catherine Béron de la Salle était la fille de d’Antoine, seigneur de La Salle (Ca 1535-1600). Il est possible que Jean ait été le frère d’Antoine et soit mort sans descendance.

[10] Connu également des généalogistes sous le nom de Philibert II Normand. Né vers 1560, décédé avant le 24 mars 1635.

[11] Jacques de Siorac, né avant 1589 et mort le 23 juillet 1643, était le fils de Raymond de Siorac, coseigneur du fief du même nom.

[12] Ce patronyme diffère en fonction des époques auxquelles on le rencontre. On le croise ainsi écrit Siourat (1666), Syouraco, Sioraca, Ciouraco, ou encore Siourac. Le maintien de la noblesse de la famille à la suite de l’enquête de 1666 permet d’affirmer que celle-ci était noble au moins avant la date de 1560.

[13] Pierre de Siorac a eu au moins deux frères aînés, Jean et Pierre, probablement décédés en bas-âge et un frère cadet, Charles Jacques, baptisé le 21 juillet 1640.

[14] On trouve aussi ce prénom orthographié « Léon », « Hyon » ou « Yon » selon les auteurs. Il est à noter que de manière tout à fait surprenante, le baptême de Guion n’aura lieu que le 3 décembre 1657

[15] Le texte d’origine comporte la date 1666. Il s’agit d’une coquille.

[16] Selon l’abbé Farnier, l’embuscade aurait eu lieu à l’entrée du bourg de Négrondes, au niveau de l’emplacement actuel du pont ferroviaire qui surplombe la gare. Op. Cit p. 100.

[17] Armand de Siorac, in Chroniqueur du Périgord et du Limousin : revue historique, artistique et religieuse, 2e année 1854 page 49, Auguste Boucharie éditeur Périgueux. Cette publication éphémère donna naissance au Bulletin de la Société Historique du Périgord. L’auteur évoque également la découverte « récente » de fragments d’un poème en latin où sont célébrés la vertu et le courage de la « belle héroine ». Hélas, il n’en donne pas copie.

[18] Abbé Farnier op. cit. p. 100

[19] Cette enquête, initiée par des raisons fiscales liées aux exemptions de taille, entraina une révision quasi-systématique de la qualité de noble lors d’une grande enquête menée à travers tout le royaume entre 1666 et 1668. Pour être maintenu dans la noblesse, les titulaires d’un fief devaient établir leur filiation légitime jusqu’en 1560. Selon Froidefond de Boulazac, l’anoblissement de la famille serait antérieur 1339, consécutive à des actions d’éclat contre les Maures lors de la « Reconquista » en Espagne. Dans les Carrés d’Hozier conservé à la BNF – cote : Français 30813 (carrés de d’Hozier 584), le document le plus ancien est un testament de Guilhs de Ciouraco daté de 1283.

[20] Née après 1659, Foy de la Faye de la Martinie décède à Lempzours le 20 octobre 1737. Elle est inhumée dans l’église. Cette pratique sera interdite par ordonnance royale en mars 1776.

[21] L’emprise au sol de l’ensemble des bâtiments qui constituent la Guionie est demeuré sensiblement identique à ce qu’elle était sur le cadastre « napoléonien », daté de 1838. Seul a disparu un petit édifice qui se trouvait accolé au pavillon est de la maison, qui semble avoir eu à une époque la fonction de boulangerie. De source familiale, c’est Marie Reynier de Glanne – morte après 1681 – qui aurait reconstruit La Guionie après 1660. (Lettre de Madeleine Jarjavail à Arnaud Auréjac 1er décembre 1987). Il est à noter que dans les registres paroissiaux de Lempzours font mention à deux reprises (1688 et 1723) d’un lieu-dit « Moulin de la Guionie » qui laisse à penser que les seigneurs du lieu aient eu un moulin banal. En toute logique, un four banal a dû exister, peut-être celui mentionné plus haut.

[22] Guion de Siorac et Foy de la Faye de la Martinie ont eu une fille, Anne de Siorac, entrée au noviciat le 7 mars 1725 et religieuse à l’abbaye de Ligueux qui, en 1745, faisait partie du chapitre de l’abbaye. Le couple a aussi une autre fille baptisée également Marie (ca 1731 – 1759)

[23] Marie Antoinette Mélanie de Bremond d’Ars (1716-1751).

[24] Il s’agit de :

– François Rodolphe né le 18/02/1753

– Béatrice née 04/05/1754

– Henriette née le 13/06/1755 et décédée en bas-âge le 19/11/1756 à La Terrassonie de Lempzours

– Marie I née 16/05/1758, morte à La Guionie le 10 mars 1818

– Marie Benoîte née le 15/06/1759, devenue religieuse de l’ordre de Saint-Benoit à l’abbaye de Saintes (1807)

– Marie II née le 17/01/1761, devenue religieuse en 1779, décédée à La Guionie le 20/03/1801.

– Marthe née le 28/06/1762

– Marie III née le 06/05/1764, décédée en bas-âge le 08/04/1767

– Marthe née le 24/11/1765, décédée en bas-âge le 25/09/1767

– Dorothée I, née le 08/01/1767, décédée en bas-âge le 15/01/1767

– Dorothée II, née le 18/02/1768.

– Marie Thérèse née 19/04/1770, décédée en bas-âge le 27/04/1770

– Hélène née le 18/08/1772. Décédée le 16/04/1843 à Champagnac-de-Bélair

– Marc né le 24/10/1773, décédé le 01/07/1840 à Edon, en Charente.

– Pierre né le 29/10/1775, décédé en bas-âge le 01/11/1775

Source : Arnaud Aurejac  https://gw.geneanet.org/aurejac?lang=fr&pz=aymeric&nz=aurejac&p=leonard+louis&n=de+siorac

[25] Cette nomination s’effectue moyennant la production de documents d’archives familiaux remontant au quatrième, voire au cinquième aïeul. Elle permet d’effectuer une distinction entre vieille noblesse d’origine militaire et noblesse de robe plus récente. Le gentilhomme reçu à ce véritable examen généalogique bénéficie d’un livrée distinctive remise par le gouverneur des pages. Les pages de la Grande Écurie avaient le privilège d’accompagner le roi par groupe de six dans le château de Versailles ou dans les jardins pour l’éclairer avec un flambeau lors de ses déplacements. Cet honneur venait juste après celui des Honneurs de la Cour. (Concernant cette info de source familiale, c’est à corroborer. A. Auréjac n’en a pas trouvé confirmation)

[26] Froidefond de Boulazac, Armorial de la noblesse en Périgord, Périgueux 1891 p 474.

[27] Le titre complet en 1789 était « seigneur de la Guionie, Palanque et autres places ». On parlera désormais de la famille Siorac.

[28] Il s’agit de Marie I (1758-1818), Marie II (1761-1801) et Marie Benoite (née en 1759)

[29] On retrouve néanmoins Rodolphe de Siorac exerçant les fonctions d’adjoint-au-maire en ventôse de l’an XI, son beau-fils Bertand Boyer étant maire de Lempzours.

[30] Cette armoire, qui existe toujours, est demeurée au premier étage de La Guionie.

[31] Léonard Louis de Siorac, né le 28/4/1778 et mort à La Guionie, le 13/11/1805 à l’âge de 28 ans.

[32] La suppression du droit d’ainesse entraîne la dispersion d’au moins une partie du patrimoine mobilier, ainsi, une des sœurs de François Rodolphe demande sa part sur l’argenterie à l’occasion de la mort de ce dernier en 1806. De même, des initiative malheureuses conduisent à la destruction d’autres éléments de la décoration de la maison, ainsi les tapisseries qui couvraient les murs du salon jugées vétustes, seront découpées à l’initiative de Louise Boyer, une des sœurs cadettes de Pierre Auguste et Charles Albert, pour être transformées en coussins. (Lettre de Madeleine Jarjavail à Arnaud Auréjac 1er décembre 1987).

[33] Sa sœur, devenue par mariage Victoire des Brouillet de la Boissière, hérite du château de La Rivière et des propriétés de Saint-Sulpice- d’Excideuil qui venaient de sa mère.

[34] Bertrand Boyer de la Coudercherie, né le 1er décembre 1767 et décédé le 27 juillet 1839.

[35] « Maître Pierre Boyer notaire royal habitant du lieu de la Coudercherie » figure parmi les témoins du testament de Pierre de la Guionie, daté du 22 mars 1657. (Archives familiales. Source A. Auréjac).  Les relations entre la famille de Siorac et celle des Boyer ne furent toujours empreintes de cordialité comme en atteste la comparution le 9 décembre 1763 de Louis de Siorac, seigneur de Laguionye au greffe du tribunal de Périgueux pour faire dresser sa défense contre M. Bernard Boyer et M. Boyer, seigneur de la Coudercherie. (Registre d’affirmation de voyages 1763-1764 – AD24 B 1134). On trouve également dans les Carrés d’Hauzier copie d’un accord signé en juillet 1733 entre François de Siorac et François Boyer, bourgeois et négociant de Libourne, portant sur le règlement d’une dette due par Hyon de Siorac à Boyer

[36] Cette blessure lui vaudra d’être versé dans le service auxiliaire avec une pension d’invalidité de 15%. Elle aurait suscité à terme des problèmes cardiaques qui explique la disparition précoce d’Albert Jarjavail.